Nouvelle C

Ego uti

À bout de souffle et perdus, après avoir finalement réussi à échapper à Rusard, Argos, Enola, Rose et Yaël finissent par se retrouver dans une vieille salle de classe désaffectée, remplie de vieux artéfacts poussiéreux.
Leur curiosité prenant le dessus, ils décident de fouiller les armoires et étagères qui les entourent, dans lesquelles ils trouvent notamment un vieux livre sans auteur ni titre.
Celui-ci parle d’un sortilège mystérieux qui aurait été interdit il y a de ça plus de 50 ans, et que l’on a fait disparaitre de tous les manuels de l’époque… sauf un.
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Selon ce livre toujours, un élève soucieux de transmettre cette connaissance aux générations futures, pour le meilleur et pour le pire, en aurait caché l’incantation quelque part dans le château.
À la lecture de ces lignes, les quatre amis levèrent les yeux du livre, se regardant les uns les autres, une lueur de malice dans les iris.
- Vous pensez à ce que je pense ? Lança le premier Yaël
- Ne te surestime pas, le Pouffsoufle, le rabroua Roseryn. Penser est bien au-delà de tes compétences mentales. Contente toi de ne pas oublier de respirer, et tout ira pour le mieux.
Enola vint à rescousse de son ami :
- Enfin, rose, tu exagères, laisse le un peu tranquille le pauvre.
- Le laisser tranquille ? Tiqua Rose. Après la course qu’on vient de se taper pour échapper à l’autre balais gras sur pattes et à sa serpillère teigneuse ? Tout ça parce que Monsieur ne sait pas faire un pas sans renverser une armure ? Certainement pas !
- Quelle idée aussi de vouloir sortir dans les couloirs à minuit, maugréa Yaël.
Argos, resté silencieux pendant toute la durée de l’altercation, les rappela à l’ordre.
- Arrêtez un peu tous les trois, les intima-t-il. Pour en revenir à ta question Yaël, en effet, je pense comme toi, nous voilà face à une chasse au trésor ! Exulta-t-il, s’autorisant un sourire tout en dents. Et si je lis correctement ce qui est indiqué là dedans, reprit-il, on en aura pour une bonne partie de la nuit, même en se dépêchant.
- Raison de plus pour s’y mettre dès maintenant, intervint Enola, dans l’espoir de soustraire Yaël à l’agressivité légitime de Rose.
- Une seule chose me dérange, rajouta Argos, presque pour lui-même.
À ces mots, ses amis se rapprochèrent pour voir ce que révélait le livre que le Serpentard tenait encore entre ses mains.
- Vous voyez cette liste sur la dernière page ?
Sous son doigt s’étirait une liste de noms et de prénoms, écrits d’une encre dont les divers niveaux d’effacement révélaient l’ancienneté.
- On dirait que d’autres élèves ont trouvé ce livre avant nous, avança Rose.
- Et tu as deviné ça toute seule ? Répliqua aussitôt Yaël, saisissant au vol l’occasion de se venger de la verve de son amie. Gentil Gryffondor, allez, maintenant va faire mumuse avec la baballe.
À cette mention Argos leva la tête, mais voyant que la pique ne lui était pas destiné, fit taire la réponse cinglante de Rose d’un claquement de langue.o
- Assez vous deux ! Grogna-t-il. Mettons nous en route avant que Rusard n’ait un sursaut d’intelligence et pense à faire appel à un fantôme pour nous débusquer.
Rappelés à l’ordre par la menace d’une perte de points, d’une retenue, ou pire, d’une expulsion s’ils venaient à être découverts hors de leurs dortoirs respectifs à une heure aussi avancée, les quatre apprentis sorciers se mirent en route, suivant les instructions mystérieuses griffonnées sur le vieux livre usé.
Après plusieurs heures de déambulation dans les couloirs du château, alors que l’aube approchait et que la fatigue se faisait cruellement sentir, ils arrivèrent dans l’aile est, devant un mur de brique d’aspect tout à fait banal
Épuisés d’avoir marché toute la nuit, et déconfits que leur périple ne les amène qu’à un cul de sac, les compères se laissèrent tomber par terre, adossés au mur qui semblait vouloir les narguer de son immobilisme.
- Tu es sûr que le livre n’indique plus rien ? S’enquit Yaël.
- Certain, regarde par toi-même, fit Argos en tendant l’ouvrage à son ami.
Ce dernier serra les dents, attendant une pique de Roseryn. Pourtant, celle-ci ne vint pas. Après tout ce temps, il semblerait que la colère de l’albinos soit suffisamment retombée pour qu’elle laisse Yaël tranquille au moins un instant. Il put donc examiner le livre, et parvint à la même conclusion qu’Argos : les indications, arrivé à cet endroit, s’arrêtaient tout bonnement.
- On ne va quand même pas rentrer bredouille, gémit Roseryn. D’abord notre projet qui tombe à l’eau à cause de l’autre maladroit, maintenant toute cette marche pour rien ? Dans quel état je vais être pour le cours de métamorphose de ce matin moi…
Ses amis ne réagirent pas, partageant son abattement.
Seule à garder un peu d’espoir, Enola demanda à son tour à examiner le vieux livre. Après l’avoir tourné dans tous les sens, et avoir feuilleté quelques pages, un sourire se dessina à la commissure de ses lèvres.
Cette réaction n’échappa pas aux trois autres sorciers qui, toute énergie retrouvée, bondirent sur leurs pieds.
- Tu as trouvé quelque chose ? S’enquit Argos, masquant tant bien que mal sa vexation d’avoir laissé échapper un détail
- On peut dire ça, lui répondit malicieusement Enola. J’ai déjà vu ce genre d’enchantement en France…
- Un enchantement ?? Reprirent les trois autres de concert, avant de se jeter des regards mi amusés, mi gênés, et re mi amusés derrière.
Ignorant leur embarras de bonne grâce, Enola leur répondit :
- Oui, il s’agit d’un sort permettant de cacher une partie du texte tant que l’ouvrage n’est pas amené à un endroit précis. On s’en sert en général pour faire des farces, ou pour les journaux intimes, expliqua-t-elle, rougissant à la pensée des secrets bien gardés par son journal, caché dans sa chambre.
Toussotant afin de se donner une contenance, elle poursuivit :
- Vous voyez ce symbole, dans le coin de la dernière page ? Quelque chose me dit que l’on devrait retrouver le même sur l’une de ces briques.
Poussés par l’énergie du désespoir, et aidés par le soleil qui commençait à darder ses rayons à travers les vitraux des fenêtres alentours, la fine équipe ne tarda pas à repérer le symbole en question, gravé dans un coin du mur. Rapprochant le livre de ce point, ils eurent la satisfaction de voir apparaître une ligne supplémentaire sur la page enchantée.
Sous leurs yeux ébahis se dévoilait la formule magique si bien protégée. Après une brève concertation, et une partie de pierre/feuille/ciseaux magique, la personne ayant le privilège de tester l’incantation la première fût désignée. Les sourires charmeurs d’Argos, pas plus que le marchandage d’Enola ni les métamorphoses terrifiantes de Rose ne firent fléchir Yaël, se délectant de son petit privilège. Il prit une grande inspiration, et, sûr de lui, récita :
« Ego Uti A Merlinetum »
Éblouis par une lumière blanche provenant de partout à la fois, ils fermèrent les yeux, emportés dans ce qui semblait être un tourbillon lumineux…
Quelque part au loin, une horloge sonne minuit. Quatre ombres se faufilent discrètement dans les couloirs de Poudlard, tentant de passer inaperçu. Passant devant une rangée d’armures bien ordonnées, l’une d’elle s’arrête.
- Yaël, on a pas vraiment le temps de s’arrêter admirer la vue, grouille ! Siffle l’une des silhouettes.
- Une seconde ! Proteste le solitaire. J’ai failli me prendre les pieds dans une armure. On aurait été dans de beaux draps !
Ils reprennent leur marche, la lune pour seule témoin de leurs sourire malicieux alimentés par leur projet nocturne. Au matin, toute l’école s’éveillera pour découvrir les quatre tables de la grande salle flanquées de la mention « TEAM CANARI », en lettres géantes.
Ailleurs dans le château, dans une salle de classe oubliée de tous, dans son armoire, un vieux livre continue de prendre la poussière. Et sur sa dernière page, quatre nouveaux noms se voient inscrits d’une encre brillante.
C’était une bonne nuit.

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Poudlard et la magie des fondateurs Marion_C Marion_C